Projet 2ème!

Nous sommes un groupe de sept étudiants, en formation de travail social. Notre futur métier d’éducateur spécialisé consiste à accompagner des personnes confrontées à diverses difficultés afin qu’elles puissent retrouver une certaine autonomie. Chacun de notre côté mais aussi ensemble, nous avons eu des réflexions et questionnements sur nos représentations de ce métier et des positions que nous imaginons avoir avec le public que nous serons amenés à rencontrer dans notre future profession. Nos idées se sont rejointes sur différents points fondamentaux, notamment sur l’idée que nous trouvons indispensable de nous connaître nous-mêmes, de manière individuelle et personnelle, afin d’être convenablement disposés à accompagner et aider l’Autre à travers ses problématiques. Tous issus de vécus différents, nos échanges nous ont réunis par la volonté de vivre une expérience particulière, nous permettant de nous redécouvrir nous-mêmes et de nous ouvrir à l’inconnu. Dans nos conceptions, l’inconnu représenterait le moindre élément avec lequel il est possible d’élaborer.

Nous avons comme projet d’aller vivre une semaine au sein de la ferme de Manon, en plein cœur du désert marocain, pour faire de l’écoconstruction à partir d’éléments essentiels tels que l’eau et la terre. Les intérêts sur lesquels nous l’avons fondé sont divers.

Tout d’abord la volonté de sortir de notre lieu et de nos modalités d’apprentissage.
Nous profitons de cette semaine dédiée à la médiation créative pour nous approprier ce temps d’expérimentation en devenant acteurs de notre formation, pour nous permettre de vivre une rupture et une rencontre avec une nouvelle culture ainsi qu’avec soi-même. Ce qui pourra être proposé lors d’un accompagnement avec un usager. Cette envie de changer d’environnement d’expérimentation, est même un désir de quitter le territoire français. Nous pensons que quitter nos habitudes, notre rythme de vie, notre confort, permettra de mieux percevoir un bonheur fondé sur de l’immatériel. Nous essayons de provoquer des réactions qui nous sont encore inconnues, par des conditions de vie étrangères, spécifiques et parfois difficiles. Se mettre en difficulté c’est aussi découvrir d’autres petites parcelles de nous-même. Et se mettre en difficultés en groupe c’est gérer cette découverte au milieu et avec les autres. Perdre nos repères pour mieux en recevoir de nouveaux, s’adapter et faire avec. Quitter l’hyper stimulation sensorielle constante du monde occidental peut nous permettre de prendre le temps de se retrouver, d’être à l’écoute de soi ainsi que des autres.
Nous souhaitons éprouver volontairement un changement de climat, d’espace, de matériaux, de quotidien pour percevoir de nouvelles sensations. Découvrir de nouveaux aliments, de nouveaux bruits, de nouveaux paysages, de nouvelles matières et de nouvelles odeurs. Vivre une telle expérience en groupe demandera un exercice de communication, de tolérance, de prise en considération de chacun pour nous sensibiliser à la cohésion de groupe qui nous servira dans nos futurs métiers. De là, il s’agit ensuite de voir si, et comment, nous nous approprierons ces conditions, et quels moyens nous mettrons en place pour nous faciliter la vie commune et quotidienne.

Le lieu dans lequel nous avons décidé de partir se situe en plein cœur du désert, au large de……... Il s’agit d’une ferme autonome, d’un lieu d’accueil pour les gens de passage proposant diverses séjours culturels typiques du désert tels que le permis de conduire de chameau, un trekking avec une troupe de nomades, de la relaxothérapie ou encore de l’écoconstruction. Les premiers voisins ont une quinzaine de kilomètres à parcourir, dans le néant, pour trouver notre rencontre. Autrement dit, nous cherchons l’impression de nous retrouver au milieu de nulle part, seuls au monde, avec la sensation de n’avoir aucune échappatoire. S’il n’y a aucun moyen de fuir, alors reste seule la possibilité de résoudre les problèmes que nous rencontrerons. Cet endroit nous semble parfaitement approprié. Nous voulons provoquer une réelle confrontation avec nous-même, avec notre communauté créée et nous focaliser sur nos objectifs fixés.
Partir à la conquête des mystères du désert peut nous apporter le sentiment d’être les premiers à les découvrir, autrement dis d’être des explorateurs. Ce sentiment peut être retrouvé dans nos futurs métiers, lorsqu’un usager se livrera pour la première fois.
C’est aussi une rencontre avec des gens qui par leur cultures très éloignée de la nôtre, auront une vision du fonctionnement du monde, de la vie et des interactions humaines différentes. De plus, le couple ayant fondé cette ferme sont français cependant ils ont quitté le mode de vie occidental pour vivre dans un contexte radicalement différent. Connaître leurs raisons, leurs motivations et leur analyse de leur parcours ne nous sera que favorable à l’ouverture de notre propre vision des choses.
Ce lieu de rencontre repose sur un partage et respect généreux, mettant au centre l’être humain.
Tous les artifices, préjugés, représentations étant laissés aux frontières du Sahara, cela nous permettra d’apprendre à être réellement disponible pour mieux accueillir l’Autre.

L’intérêt de partir en groupe est avant tout de vivre une expérience de relations humaines différentes de celles que nous trouvons dans notre quotidien. Nous cherchons à découvrir les relations que nous pouvons créer dans des contextes spécifiques, et apprendre, d’une manière précise, à vivre en collectivité. Savoir concilier l’espace collectif avec l’espace personnel, en partageant et en invitant les autres à rentrer dans notre espace intime et dans nos mœurs tout en restant curieux aux apports du groupe. Il s’agit de se retrouver face à soi-même, prendre conscience de nos limites individuelles, qu’elles soient physiques ou mentales et de pouvoir les concilier avec celles des autres membres du groupe. En effet, la sensation d’être seul ne signifie pas systématiquement d’être « un », le travail d’un éducateur s’effectue au point de croisement entre l’individuel et le collectif. En plus d’une découverte il s’agit d’un réel test de dépassement de soi et d’entraide.
Nous avons ajouté à toutes ces idées de relations et de sensations, un objectif de construction dans lequel nous pouvons y voir une conception concrète et imagée.
Nous avons comme projet d’apprendre des techniques de construction locales. Manipuler la terre et l’eau, qui sont des éléments essentiels et précieux afin de sentir et de découvrir ce qu’on est capable d’en faire. Nous souhaitons par-là aborder un point de vue physique de notre futur métier. En effet, la construction d’objets matériels à partir d’éléments naturels nous amène au raisonnement suivant : en tant qu’éducateur spécialisé il nous faudra construire et reconstruire avec des personnes, leur passé, leur présent et leur futur, le tout en bâtissant des relations de confiance et d’échanges. Le Travail social se définit donc dans un processus d’édification. C’est en cela que ce projet de construction en terre prend sens afin de matérialiser le façonnage et le modelage qui constitue un point clé dans nos futurs métiers.
Construire ne part jamais de rien, nous pouvons alors parler d’avantage de consolidation de ce qui est déjà mis en place. Partir d’une base et l’améliorer. On dit souvent que l’on aide les gens à se construire ou se reconstruire mais nous pensons que nous les aidons aussi à se consolider face aux épreuves qu’elles ont vécues ou qu’elles pourraient vivre. En tant que futurs éducateurs spécialisés, il faudra apprendre à s’adapter en se servant de la base de chacun, sans oublier la nôtre, afin de pratiquer notre travail et aider les usagers à avancer. Ces adaptations prennent forme dans les divers obstacles que l’on pourrait rencontrer lors de ce séjour dans le désert.
Construire dans des conditions particulières liées au désert peut demander un certain dépassement de soi, dans une optique de réussite. Cette dernière favorise une meilleure estime de soi qui à son tour engendre une plus grande disposition à agir envers autrui avec bienveillance. Il s’agit également de construire des relations avec autrui, c’est-à-dire d’apprendre un certain savoir-être et savoir-faire qui nous servirons dans notre carrière, et tout au long de notre vie. Cette expérience nécessite un effort d’attention, d’écoute, d’aide, de partage et d’échange, autant de notions importantes et utiles pour de futurs travailleurs sociaux.
Tout cela nécessite de trouver des solutions dans toute situation à vivre, pour nous, pour notre collectivité, pour l’Autre en généralité.
Nous cherchons à construire, pour nous (re)construire.

On attend vos remarques!
Un ptit truc: Le lieu dans lequel nous avons décidé de partir se situe en plein cœur du désert, au large de.....?? l'océan atlantique, Essaouira, Marrakesh? on savait pas trop ce que vous vouliez dire par là.